Tu les vois toutes ces bogues par terre ? Si, regarde sous les feuilles, il y en a plein d’autres. Et cette odeur de mousse et de feuilles mortes ? Si tu savais comme les souvenirs d’enfance me reviennent à la vue de toutes ces bogues ! Je te vois courir partout pour les ramasser comme autant de précieux trésors. Pour moi aussi, elles étaient des trésors mais j’étais encore petite et je ne savais pas encore à quel point. Oui, tu as raison, c’était il y a longtemps !
Pourtant ces souvenirs d’enfance sont encore tellement présents. En ce temps-là, vois-tu, ma maman m’accompagnait à l’école. Nous allions à pied, l’école n’était vraiment pas loin. Il nous fallait prendre un chemin bordé de marronniers. Les bogues sont un peu différentes de celles que tu ramasses cet après-midi mais cela n’a aucune importance, elles se ressemblent. Elles étaient plus grosses et révélaient de gros marrons dodus quand on parvenait à les ouvrir sans trop se piquer. Avec le pied, là, regarde comment je fais ! Comme toi, j’adorais les ramasser les précieuses bogues.
Le soir, en rentrant de l’école, je construisais des bonhommes avec : des allumettes pour les bras, les jambes, deux gros marrons collés l’un sur l’autre pour le ventre et la tête … Surtout, en ce temps-là, ma maman m’emmenait à l’école, elle passait du temps avec moi. Elle était souriante, heureuse et je voyais tant d’amour dans ses yeux.
Maintenant ce sont des souvenirs, tu sais. La vie m’a depuis appris que tout cela était éphémère, que le temps passe vite, que le bonheur te file entre les mains tant et si bien que tu comprends, mais un peu tard, que ramasser des bogues même si elles piquent c’était du bonheur. Ah les souvenirs d’enfance ! Viens, donne-moi la main, on rentre. Demain je t’en raconterai d’autres histoires de mon enfance, allez, viens ….
Une lettre de sa petite fille à son grand-père, un autre texte